Boite à fourbi

[Chronique] Anime – Higurashi no naku koro ni (2006)

Titre alternatif : Hinamizawa, le village maudit 
Année : 2006/2007
Public : Interdit aux moins de 16ans
Genres : Drame – Horreur / Épouvante – Mystère – Psychologique – Surnaturel – Thriller
Episodes : 2 saisons de 26 épisodes
Plateforme : Netflix

Résumé

Juin 1983[4]. Hinamizawa (雛見沢) est une petite ville (fictive) d’apparence paisible de la campagne japonaise où le personnage principal, Keiichi Maebara, vient emménager avec sa famille. Il va très vite se lier avec quatre de ses camarades de classe, quatre jeunes filles nommées Rena Ryugū, Mion Sonozaki, Rika Furude, et Satoko Hōjō, qui l’acceptent dans leur club d’amateurs de jeux de société.

Leur bonne entente commence toutefois à se détériorer quand Keiichi apprend petit à petit certains éléments de l’histoire récente du village. Tout débute apparemment par un meurtre horrible commis quatre ans auparavant suivi d’une série de mystérieuses disparitions, mais ces faits sont passés sous silence. Pire, il semblerait que les amies de Keiichi aient été mêlées à ces événements !

Après le festival de Watanagashi, célébrant une déité locale, Oyashiro-sama, de nouvelles énigmes apparaissent…

Opening de la saison 1

Mon avis

Avec presque 14 ans de retard, j’ai découvert l’univers Higurashi avec l’anime de 2006 et ce fut le très gros coup de coeur de l’année et sur lequel, je voudrai revenir à travers cette chronique.

Attention, l’anime en question contient beaucoup de violence et est interdit aux moins de 16 ans. On est en présence d’un anime choc et parfois choquant.

Il existe un reboot, actuellement en cours de diffusion, disponible sur la plateforme Wakanim. La version proposée est disponible sur Netflix.

La série de 2006 est composée de 26 épisodes, eux-mêmes regroupés en « Arc ». A la manière d’un Novel Game, tous les arcs ont des évènements communs mais ont une fin différente et un point de vue différent de ces évènements.

Au tout début, je pensais avoir affaire à une sortie de School day, déjà chroniqué mais ce n’est absolument pas le cas. L’aspect malsain de l’anime ne se situe pas dans la nature des relations entre les personnages mais dans la manière ils basculent dans la folie sous l’influence de la malédiction. Nous ne sommes pas en présence d’un harem mais bien dans un anime d’épouvante avec du surnaturel.

Les graphismes ont certes un peu vieilli mais l’histoire est vraiment prenante. Si au début de chaque arc, on se retrouve dans une ambiance bonne enfant dans une école de campagne, le malaise commence peu à peu à s’installer au fur et à mesure de chaque arc avant de finir en massacre final. S’il y a beaucoup de « kawaï-attitude » dans l’anime, on ressent peu à peu la plongée dans le côté obscure à la fois de ce petit village et des personnages de la série. Le constrate entre la vie ordinaire des héros et l’ombre de la folie et de la mort qui planent au dessus d’eux est saisissant et bien mené.

Chaque arc répond à des questions aux arcs précédents tout en en faisant poser de nouvelles. Qui est réellement cette divinité ? Quels sont les secrets des amies de Keiichi ? Pourquoi Rena semble parfois devenir une autre personne ? Que se cache réellement derrière la divinité tutélaire de ce village ? Un complot ? Des manipulations des familles « régnantes » du village ?

L’anime aborde également des sujets plus proches de nous comme la maltraitance ou l’abandon infantile, le poids des secrets familiaux, les enfants pris dans des divorces difficiles. Et la question se pose, au final : la malédiction ne peut-elle agir que si le coeur des personnages se laissent envahir par la haine ou l’amitié qui lient les personnages et qui se renforcent au fur et à mesure des arcs peuvent agir pour que cette dernière ne puisse se réaliser ?
La saison 2 apportera son lot de révélations et de réponses restées en suspens dans la saison 1. Néanmoins, j’ai moins accroché à la fin de la saison 2 qui part vraiment très loin dans le délire.

Il faut souligner le magnifique opening de la saison 1 qui fait partie de mes préférés et qu’on ne peut pas sauter à chaque épisode.

En conclusion, Higurashi est vraiment un très très bon anime, qui a su m’accrocher très rapidement et que je vous recommande vivement si vous aimez les animes contenant autant de mystère que du gore (car certains passages, je le répète, sont très violents) et qui interroge.

Films, Films & documentaires

Chronique film – Liberté (2019)

Liberté

Réalisation : Albert Serra
Genre : drame, historique
Durée : 132 minutes
Acteurs : Helmut Berger, Marc Susini, Baptiste Pinteaux

Résumé

Madame de Dumeval, le duc de Tesis et le duc de Wand, libertins expulsés de la cour puritaine de Louis XVI, recherchent l’appui du légendaire duc de Walchen, séducteur et libre penseur allemand, esseulé dans un pays où règnent hypocrisie et fausse vertu. Leur mission : exporter en Allemagne le libertinage, philosophie des Lumières fondée sur le rejet de la morale et de l’autorité, mais aussi, et surtout, retrouver un lieu sûr où poursuivre leurs jeux dévoyés.

Mon avis

Pour fêter la reprise de mon blog, je vous propose la chronique de mon film préféré découvert en 2020 à savoir Liberté réalisé par Albert Serra sorti en 2019.

Attention, ce film est vivement déconseillé au moins de 16 ans en raison de scènes érotiques et de dialogues crus.

Tout d’abord, il ne s’agit pas seulement d’un film d’auteur mais aussi et surtout d’un film de recherche, expérimental. Si vous aimez l’action et les effets spéciaux, il est plus que possible que Liberté vous ennuie et vous fasse bailler avant d’éteindre votre écran de télévision. Si, au contraire, vous aimez la contemplation, les longs plans fixes, je suis sûre que Liberté attirera toute votre attention et ne vous laissera pas indifférent.
Il est extrêmement mal noté par les membres d’Allo Ciné à l’inverse de la presse spécialisée qui est plutôt flatteuse envers le film. Pour moi, il n’est pas un film de bobo mais bien une expérience sensorielle d’un film de recherche d’un réalisateur qui ne fait pas des films à la chaîne mais construit véritablement un univers filmé.
De plus, le film a décroché le prix « Un certain regard » du Festival de Cannes 2019.

Le film est une sorte de suite puisque Albert Serra avait d’abord réalisé une pièce de théatre dont le titre, je vous le donne dans le mille, s’appelle Liberté.

Albert Serra, réalisateur Catalan, est surtout connu pour son film La mort de Louis XIV qui a remporté plusieurs prix et que je n’ai malheureusement pas encore eu le temps de visionner. D’après de nombreuses interviews et articles que j’ai pu lire le concernant, c’est un réalisateur un peu particulier, détestant les travellings ou ayant une communication du scénario à ses acteurs plutôt minimes, leur laissant une grande liberté de jeu.

Dans Liberté, on suit, du coucher au lever du soleil, quatre nobles libertins et quelques uns de leurs domestiques qui, ayant fui la cour puritaine de Louis XVI, se sont réfugiés dans une forêt, cherchant l’aide du duc de Walchen pour poursuivre et initiés d’autres personnes à leurs jeux sensuels. Ils en profiteront pour débaucher les novices du couvent voisin.

La critique du Magazine Littéraire :

« Quand la fête galante vire à la messe noire »

résume excellement l’essence même du film.

La première chose à dire, c’est que l’esprit du Marquis de Sade et sa philosophie plane totalement sur le film. Le libertinage et le mouvement libertin du XVIIIeme siècle d’une manière plus globale sont le cœur même du film. J’y reviendrai un peu plus loin car il faut parler de l’oeuvre vers laquelle Liberté fait de nombreux clins d’oeil. Mais, contrairement à son plus auguste prédécesseur, le célèbre, adoré comme décrié, Salo les 120 jours de Sodome de Pier Paolo Pasolini, tout d’abord les rôles ne sont absolument et clairement pas établis. Certes, les quatre nobles recherchent avant tout la satisfaction de leurs désirs personnels et charnels mais ils ne tiennent pas obligatoirement le fouet et les chaînes. Ensuite, Salo est un film froid, les sévices étaient filmés de façon cliniques et sans complaisance, les images chocs sont faites pour imprégner durablement la rétine du spectateur. Liberté est un film presque auditif, les bruits de la forêt, le chant de grillons, des branches qui craquent, de l’orage qui éclate, tout cela fait que ce sont quasiment un personnage à part entière du film et participe à son côté onirique.
On pourrait presque dire de Liberté qu’il est le film miroir de Salo mais c’est plus que cela. Là où Salo jouait sur l’enfermement des adolescents soumis aux caprises et aux sévices de leurs tortionnaires, à l’inverse, Liberté se déroule dans l’obscurité d’une forêt avec des chaises à porteur pour seuls décors, dans une nature sauvage, le sens du titre du film prend en partie son sens. 
Toujours dans la comparaison, là où les bourreaux de Salo étaient solidement ancrés et légitimés dans leurs rôles institutionnels (juge, évèque, Duc et président) et pouvaient s’adonner librement à leurs pulsions charnels et même sanglantes, les nobles de Liberté sont des parias, obligés de se cacher de la Cour de Versailles alors devenue puritaine. Ils annoncent la Révolution et eux-mêmes se considèrent comme porteur d’un message de revendication. Mais, paradoxalement, l’un des nobles pense dès le début du film que ce sont les femmes peuvent faire changer la société car elles « connaissent le prix à payer ». En recherchant la protection d’un Duc allemand légendaire, ils cherchent à propager l’idée de liberté à travers une sexualité débridée.

Liberté est une sucession de tableaux avec de nombreuses séquences contemplatives où le spectateur est invité dans des moments où il se retrouve plongé dans un songe particulier. Ces séquences sont entrecoupées de dialogues qui semblent réellement sortis d’un autre temps. Le ton un peu pincé du noble orateur du film ajoute au côté décalé. Il est à noter que les dialogues contenant certains des sévices que les nobles fantasment de réaliser sont en allemand, tranchant avec le ton soutenu des dialogues quelques minutes plus tôt.
La photographie est particulièrement soignée et le parti pris de réaliser un film clair-obscure renforce la beauté des tableaux et l’esthétisme du film.

Les personnages sont rarement filmés de face, parfois derrière une voilure, souvent de profil, ajoutant une sensualité puissante, mais pas cette sensualité à laquelle on est habituée. Là, la chair est triste, parfois flasque. A notre époque des Reines du Shopping et des photos instagramm, Liberté se fait le contre-pied de ces corps idéaux et des visage filtrés et photoshopés avec des personnages gras, boursouflés aux visages marqués par le temps. Les quelques scènes sexuelles sont particulières et ne sont pas là dans le but d’exciter le spectateur. Il s’agit plutôt d’une recherche désespérée de la jouissance dans des pratiques particulières. La scène d’urophilie est la scène plus extrême du film puisqu’aucun détail n’est épargnée. Nos nobles libertins ont brisé les dernières barrières pour atteindre l’extase, y compris être celui qui est fouetté. D’ailleurs, il est à souligner que, comme dit précédemment, les rôles de dominant/dominé n’a pas réellement de sens dans ce film puisque chacun recherche délibéremment le plaisir ou la souffrance pour se sentir libre. Là encore, tout le titre du film prend son sens.

Je vous citais plus haut que la philosophie de Sade plane sur le film. Je dirais même qu’elle imprègne le film tout entier. La libération des passions, l’inexistance du mal, notion religieuse selon lui et donc du bon vouloir des hommes, le retour à la nature sont les thèmes récurrents de Liberté.
Les dialogues où nos nobles racontent leurs fantasmes ne sont pas sans rappeler, encore et toujours, les 120 journées de Sodome.

Le jeu des acteurs est à souligner bien que l’on ne voit pas vraiment l’expression de leurs visages du fait de l’obscurité, expressivité qui est d’ailleurs plutôt monolithe et les corps souvent immobiles avant une séquence d’action plus charnelle où les hurlements couvrent les bruits apaisants de la forêt.

En conclusion, Liberté a été une vraie bouffée d’oxygène, un de ces films qui osent transgresser le politiquement correct. Il n’est bien sûr par exempt de défaut et le principal est son accessibilité. Les longues séquences contemplatives, qui pour moi sont une réussite, ne plairont pas forcément à la majorité des spectateurs peu exigeants en matière cinématographique. Pour les autres, à la recherche d’oeuvres expérimentales, Liberté leur offrira une expérience particulière qui, qu’on l’aime ou pas, ouvrira des niveaux de lecture.

Essais, récits autobiographiques, Livres & Ouvrages

Chronique livre – L’Affaire des Poisons par Jean-Christian Petitfils

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Auteur : Jean-Christian Petitfils
Genre : Essai, historique

Résumé
En 1679, à l’apogée du règne de Louis XIV, éclate l’une des plus vastes affaires criminelles de tous les temps : l’affaire des Poisons. D’un seul coup se révèle l’envers sinistre du décor : les crimes de la Voisin, les sortilèges, les conjurations démoniaques, les messes noires, les sacrifices rituels…Affaire stupéfiante, ténébreuse, touffue, aux ramifications gigantesques, dans laquelle se trouvent mêlées des centaines de personne, dont les plus grands noms de la cour de France, notamment la favorite, Mme de Montespan, à tel point que le roi lui-même, pris d’inquiétude, tente d’étouffer le procès.
De l’officine des alchimistes au repaire des sorcières, des marchands de philtres d’amour aux fabricants de poisons, en passant par le cabinet du magistrat instructeur, La Reynie, c’est l’enquête policière complète sur l’une des plus étranges et irritantes énigmes de l’Histoire qui est ici offerte au lecteur.
Mettant en lumière les moeurs et les mentalités d’une époque qui n’a pas seulement été celle des splendeurs de Versailles et de la culture classique, l’ouvrage de Jean-Christian Petitfils, fruit de longues recherches, présente des découvertes et des explications très convaincantes.

Jean-Christian Petitfils, spécialiste de la France classique, est l’auteur de nombreux ouvrages, dont plusieurs biographies qui ont connu un grand succès : Louis XIII, Louis XIV, Fouquet, Louis XVI (Perrin). Il vient de publier chez le même éditeur L’Assassinat d’Henri IV, mystères d’un crime.

Mon avis

Pour cette nouvelle chronique de livre, je vais vous parler d’une affaire qui a défrayé la chronique en son temps et probablement la plus vaste affaire politico-criminelle de l’Ancien Régime : l’Affaire des Poisons. Une affaire qui semble débuter par un fait divers et un drame familial mais qui va impliquer un grand nombre de personnes de toute couche sociale, y compris des personnes très célèbres, jusqu’au Roi lui-même. Mais au delà de cela, cette affaire est sans doute la plus révélatrice d’une société en pleine contradiction. Mais j’y reviendrai.

Petite information concernant l’auteur, Jean-Christian Petitfils  est historien, écrivain et grand spécialistes de la monarchie française et en particulier de Louis XV et Louis XVI. Il a par ailleurs travaillé sur un volumineux livre sur ce dernier qui, paraît-il, est LA référence sur le dernier roi de France. J’ai commandé cet ouvrage récemment et j’espère pouvoir vous proposer une chronique sur cet ouvrage ultérieurement.

A travers ce livre, Jean-Christian Petitfils nous propose de revenir dans le détail de cette affaire qui débute sur un fait divers familial avant d’éclabousser une grande partie des nobles de la Cour et le Roi lui-même mais qui prend racine dans les bas-fonds de Paris et dans les croyances les plus moyennâgeuses.
En effet, on trouve pêle mêle : messe noire, philtre d’amour, sorcellerie avec tout le folklore qui peut l’accompagner, tables qui tournent etc. Au siècle de Descartes, on croit encore qu’on peut devenir riche en transformant du plomb en or ou qu’on peut ramener un homme infidèle avec des mélanges toutes plus suspectes les unes que les autres ou même à la pierre philosophale.

Portrait de Louis XIV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud en 1701
Portrait de Louis XIV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud en 1701

L’énorme intérêt de cet ouvrage est que JCP a richement documenté son ouvrage et qu’il fait preuve d’un travail extrêmement soigné et approfondi pour nous faire prendre conscience des ramifications de cette sordide affaire mais aussi le contraste avec le rayonnement que voulait donner Louis XIV à son règne. Cette affaire marquera le déclin progressif de la monarchie solaire par la fin du règne de la maîtresse du Roi, la marquise de Montespan.

De part la densité des informations de l’ouvrage, il faut souligner que sa lecture peut s’avérer très intense et demande beaucoup de concentration afin de s’y retrouver dans tous les personnages (ayant réellement existé!) de cette affaire. Certains noms restés célèbres sont aisément identifiable (le Roi, Colbert, la Montespan et même la Voisin), d’autres sont moins connus et, pourtant, ont eu chacun leur rôle à jouer dans cette épopée tragique.

 

La marquise de Montespan
Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan

 

D’une manière globale, l’écriture de J-C Petitfils est très soignée, très agréable à lire, n’hésitant pas à emprunter au langage fleuri de l’époque sans tomber dans la vulgarité. On peut donc facilement s’immerger dans cette période particulière de l’Histoire de la France qui est un tournant. Louis XIV est à la l’apogée de sa gloire et pourtant, il sera impliqué dans l’affaire la plus sordide qui soit, ne manquant pas de souligner le contraste éclatant et saisissant entre l’image de Roi-Soleil qu’il veut laisser à la postérité et toutes les injustices criantes et finalement, cette société corsetée et rigide et, en particulier les femmes, tente de trouver un peu de liberté et de souffle. Même si l’Affaire des Poisons est sortie de l’ombre grâce à la ténacité du ministre de la Guerre Louvois et du commandant de la Police, Nicolas de la Reynie, cette affaire n’aurait peut être pas eu cette tournure sous un autre Roi ou à une autre époque. N’oublions pas que la liberté de la presse n’existait pas et que ce que nous en savons proviens de minutes des différents procès et des propres notes de La Reynie. Et n’oublions pas que c’est ce même La Reynie qui a permis la naissance d’une police et d’une justice moderne avec des techniques beaucoup plus proches d’une démarche rationnelle que l’on avait encore quelques années auparavant.

Jean-Christian Petitfils nous livre également sa théorie sur le complot impliquant le Roi et sa maîtresse, la marquise de Montespan qui est vraiment intéressant et nous offre un autre regard sur cette dernière, différent de ce que la postérité a retenu d’elle.

En conclusion, je vous recommande vraiment cet ouvrage qui ouvre une fenêtre passionnante sur une affaire encore mystérieuse et empreinte de magie d’une époque révolue.

Films, Films & documentaires

Chronique Film – Ça

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Genre : Epouvante-horreur, thriller

Sortie officielle française: 20 septembre 2017

Durée : 2h15

Résumé

À Derry, dans le Maine, sept gamins ayant du mal à s’intégrer se sont regroupés au sein du « Club des Ratés ». Rejetés par leurs camarades, ils sont les cibles favorites des gros durs de l’école. Ils ont aussi en commun d’avoir éprouvé leur plus grande terreur face à un terrible prédateur métamorphe qu’ils appellent « Ça »…
Car depuis toujours, Derry est en proie à une créature qui émerge des égouts tous les 27 ans pour se nourrir des terreurs de ses victimes de choix : les enfants. Bien décidés à rester soudés, les Ratés tentent de surmonter leurs peurs pour enrayer un nouveau cycle meurtrier. Un cycle qui a commencé un jour de pluie lorsqu’un petit garçon poursuivant son bateau en papier s’est retrouvé face-à-face avec le Clown Grippe-Sou …

Mon avis

Attention, contient des spoilers !

Alors, pour faire cette chronique, il m’est apparu indispensable de revenir à la fois sur l’oeuvre dont est tiré le film, les deux romans Ça écrits par Stephen King, et le téléfilm de 1990. En effet,  Ça est considéré, à juste titre, comme l’une des oeuvres la plus aboutie des nombreux romans de Stephen King. Ensuite, le téléfilm en deux partie de 1990 a durablement marqué des générations, particulièrement la première partie, celle se déroulant principalement pendant la jeunesse des héros, la seconde partie ayant malheureusement une fin absolument ridicule avec un monstre en carton pâte et des acteurs adultes ne semblant pas convaincus et convaincants dans leurs rôles. Le clown, interprété par Tim Currin, a traumatisé nombre de gens par un jeu habile et un fort humour noir. Mais j’y reviendrai évidemment. Il me fut (et ça a dû être le cas d’un certain nombre de spectateur) difficile de ne pas comparer ces deux versions, notamment, le rôle de Pennywise et son impact sur la peur qu’il peut susciter durant le visionnage.

Le roman, avant même d’être un pur roman d’épouvante, est d’abord un film qui porte un regard à la fois sur l’enfance et le rapport d’un adulte sur l’enfance mais aussi une analyse de la peur, des différentes formes qu’elle peut prendre et de son influence sur le psyché global d’un être humain. J’ajouterai que Ça peut être aussi vu comme une sorte de chronique sociale d’une Amérique des années 50/60 avec des éléments chers à Stephen King et que l’on retrouve dans nombre de ses autres romans avec la musique avec beaucoup de référence au rock, des voitures mythiques avec la Plymouth, Bill Denbrough est écrivain, l’intrigue se déroule dans l’état où a vécu King, des personnages , en tout cas les personnages quand ils sont enfants, sont issues d’une classe moyenne voire pauvre etc. Honnêtement, il me faudrait des semaines pour réaliser une chronique des deux romans tant ils sont riches avec de nombreuses thématiques sous-jacentes que l’on peut cerner puis analyser. J’espère vous proposer un jour une chronique sur ce roman culte.

La question qui taraude quiconque projette d’aller voir le film, ce reboot est-il à la hauteur de la complexité du roman ?

Si vous allez voir ce film pour pousser juste des cris d’effroi et vous faire peur, vous risquez fort d’être déçu. En effet, le premier téléfilm avait marqué les esprits à cause du clown, brillamment joué par Tim Curry, résumant finalement le monstre au clown alors que le clown n’est qu’un des nombreux visages du monstre. La stratégie marketing avait d’ailleurs beaucoup joué sur la coulrophobie. Je dois d’ailleurs dire que la soirée Horror Night pour laquelle j’ai eu l’occasion de voir le film en avant-première voulait vraiment plonger le public dans l’ambiance avec des ballons partout dans la salle et un clown qui cherchait à faire peur alors que finalement, on n’est pas dans un film de clown maléfique. Mais, et c’est là où je veux en venir, le film est vraiment brillant. Oui, ce n’est pas un énième film d’épouvante. Car si vous voulez voir une adaption la plus fidèle possible de l’oeuvre de Stephen King et non un ersatz, le  Ça de 2017 remplit grandement ce rôle. On retrouve par exemple la maison sinistre du Neibolt Street, totalement absente du téléfilm ou certains personnages qui avaient été oubliés tel Patrick Hockstetter. De plus, en se concentrant sur la partie de l’enfance des héros, le film permet d’approfondir réellement les liens entre eux, leur amitié, leur club des Ratés tel qu’ils la définissent, étant l’épine dorsale du roman.

En revisitant le roman en l’adaptant à la hype du moment, les années 80, qu’on a vu notamment avec le succès de la série Stranger Things (il faut signaler que l’acteur qui a joué Richie est aussi dans cette série), j’ai été au départ décontenancée mais je trouve l’idée assez intéressante. Cependant, certains passages n’ont, à mon avis, pas eu la meilleure musique. Je pense évidemment à l’homérique bataille de cailloux entre les Ratés et Henri Bowers et sa bande. L’aspect horrifique qui n’est pas aussi intense à laquelle on s’attendait, ce qui a surpris un certain nombre de spectateurs. On ne peut pas dire qu’on sursaute vraiment. Mais le diable se cache dans les détails et c’est vraiment le cas dans Ça où on peut même dire que, certes le clown est l’entité démoniaque, mais nombre d’autres personnages possèdent quelques choses de maléfiques, comme le père de Bev, le pharmacien et, bien sûr, Henri Bowers, la terreur des cours de récréation, qui bascule dans le meurtre de son paternel après avoir martyrisé la bande des Ratés. Et le réalisateur a plutôt bien cerné le propos du roman.

Concernant Pennywise, il ne devait pas être facile de succéder à Tim Curry qui avait imprégné et donné un visage presque indétrônable à un mythe avec ce côté clown de carnaval, facétieux et pourtant terrifiant avec une bonne dose d’humour noir (« Jete ton aérosol et viens dans le sous-sol! » Purée, cette réplique reste juste énorme! ). Bill Skarsgård parle peu, contrairement à son prédécesseur, mais imprime sa marque avec son sourire de psychopathe. De plus, j’ai beaucoup apprécié son costume qui a été revisité façon année 1900.

Quant aux enfants, c’est dommage que certains n’ont pas su se démarquer, comme Stan, car tous ont une raison de faire partie du club des Ratés. Néanmoins, les acteurs jouant Richie et Bev sont particulièrement remarquables. Dans leurs terreurs, on y retrouve aussi la peur des adultes ou de devenir adulte, le thème par excellence du roman.

Mon principal regret est que le film est à la fois très court (malgré 2h15 de bobine !), oubliant certaines scènes du roman et à la fois longs sur certaines séquences. Néanmoins, ne râlons pas trop ; le réalisateur a quand même respecté les grandes lignes du roman et su en capter l’essence.

En conclusion, Ça est un bon film et sans doute, l’une des meilleures adaptations de l’un des plus grands écrivains américains contemporains. Il y aurait aussi de nombreuses choses à dire autours du film mais le mieux, c’est encore d’aller le voir !

 

Animes, Films, Films & documentaires, Mangas/Animes/Jeux vidéos

Chronique film d’animation – Ghost in the Shell

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Titre : Ghost in the Shell
Genre : Thriller, cyberpunk
Année : 1995

Résumé

Dans un Japon futuriste régi par l’Internet, le major Motoko Kusunagi, une femme cyborg ultra-perfectionnée, est hantée par des interrogations ontologiques. Elle appartient, malgré elle, à une cyber-police musclée dotée de moyens quasi-illimités pour lutter contre le crime informatique.

Le jour où sa section retrouve la trace du ‘Puppet Master‘, un hacker mystérieux et légendaire dont l’identité reste totalement inconnue, la jeune femme se met en tète de pénétrer le corps de celui-ci et d’en analyser le ghost (élément indéfinissable de la conscience, apparenté à l’âme) dans l’espoir d’y trouver les réponses à ses propres questions existentielles…

Mon avis

Attention ! Film culte en perspective qui se taille la part du lion dans mon top 10 de films préférés !

Je vous avais déjà chroniqué auparavant deux autres animes adaptées du manga de Masamune Shirow : la saison 1 de la série animée GitS : Stand Alone Complex et l’OAV Solid State Society. Aujourd’hui, je vous propose le film qui a popularisé cette oeuvre qui reprend simplement le titre de Ghost in the Shell.

Lui-même qui trouve une inspiration dans une autre oeuvre majeure des films d’animation, à savoir le cultissime Akira, GitS a été à son tour source d’inspiration pour de nombreux auteurs, réalisateurs, mangakas, la plus célèbre étant Matrix mais on peut citer une autre oeuvré déjà chroniquée ici : Serial Experiments Lain.

La sortie de l’adaptation américaine du film a soulevé un certain nombre de polémiques et, bien que ne l’ayant pas vu, j’ai été particulièrement gênée du passé physique de Motoko et du Puppet Master ainsi que l’héroïne retrouve sa mère… Blablabla… Ok, je peux comprendre qu’on voulait s’adresser d’abord à un public américain et que ce genre de narration a quelque chose de typiquement américain. Et là, non, pour la puriste que je suis, je refuse de voir un film qui dénature et corrompt totalement le propos même du l’oeuvre. Il en sera d’ailleurs de même pour le film Death Note où, je dois dire, Netflix me déçoit profondément. Fin de la disgression.

Avec plus de 20 ans au compteur, on peut déjà dire que le film n’a quasiment pas pris une ride, malgré les progrès depuis lors de l’animation.  Le scénario, complexe et nébuleux, propose plusieurs thématiques qui, aujourd’hui encore, trouvent un curieux écho et que j’ai déjà profondément et longuement évoquées : la fusion du réel et du virtuel, la relation homme-machine, la définition même de l’humanité, le transhumanisme, la possibilité de l’émergence d’une conscience dans l’océan du Net. Le film de 1995 a su véritablement transcender ces thématiques de manière à la fois magistrale et à la fois contemplative. On n’est pas face à un bête film d’action pure ou à un simple thriller futuriste. Le film invite les spectateurs à la réflexion comme le fait l’héroïne. Le long passage de contemplation après que Motoko exprime de manière énigmatique ses doutes et ses interrogations concernant sa présence au sein de la Section 9 est éminemment symbolique. Mais la toute fin possède aussi un symbole fort que l’on retrouve dans l’arbre généalogique fgravé dans le mur.

Il y aurait beaucoup à dire et même à redire dans ma chronique sur ce film qu’il faudrait l’aborder pratiquement séquence par séquence car, toutes ont leur importance et apporte une pierre à la réflexion générale qu’il soulève. L’une des choses qui, très personnellement, m’éblouira toujours a été la bande son qui, est encore aujourd’hui, l’une des plus belles. Mais pour mieux appréhender cette oeuvre, la visionner vaudra mieux que mille mots pesés et réfléchis.

En conclusion, Ghost in the Shell, le film de 1995, est LE film d’animation qu’il faut avoir vu et que je recommande plus que chaudement.